Les enfants

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De toutes les animations de course, ce que je préfère ce n’est pas le groupe de métal qui, entre son rêve de faire l’amour à Lucifer et boire le sang de Jésus Christ, lâche de sincères et généreux « Bon courage, Messieurs, Dames ! ».

Pas plus l’orchestre d’harmonie de Tataouine qui s’essouffle plus que moi à jouer « Y’a de la joie » et qui me déconcentre parce que j’ai entendu couiner un accord. Ni le club de tambours du Bronx qui m’inspire irrésistiblement la question suivante : « Est-ce que le mec qui a décidé d’importer de la musique industrielle dans la Creuse n’avait pas au fond pour projet de relancer l’économie de son territoire en attirant des investisseurs étrangers prêts à implanter un bout de leur activité industrielle ? »

Ce n’est pas non plus les charmantes twirleuses et leurs non moins charmantes amies cheerleaders qui égaient pourtant parfaitement les chemins les plus sinueux.

Et désolé pour l’association des aînées du village qui a eu l’idée géniale de déguiser ses membres en danseuses africaines ou en costumes bariolés qui me faisaient craindre une tentative imminente de (WTF) Harlem Shake…

Moi, Daddy The Beat, ce qui me réchauffe le cœur, ce sont les mioches sur le bord de la route qui te tendent un gobelet – dont d’ailleurs tu vas leur renverser la moitié dessus – ou la main juste pour que tu la « checkes ».

Je ne loupe jamais la moindre main tendu et suis prêt à faire des demi-tours pour saisir ce supplément d’énergie. Chaque frimousse m’émerveille, chaque sourire me fait passer la douleur ou le découragement. Leur regard impressionné par les piètres grands athlètes que nous sommes me donne envie de repousser mes limites de plusieurs centaines de mètres encore.

Même le sale môme qui retire sa main au dernier moment pour amuser la compagnie m’émeut, tout comme celui qui boude dans un coin parce qu’il vient de se faire rouspéter par ses parents.

Le jour de la fête des pères, alors que je me débattais avec un 27ème kilomètre, j’ai reçu un message vidéo de mon fils qui me souhaitait ma fête et m’envoyait un bisou-courage pour la course. Je l’ai regardé en boucle et me suis souvenu que moi aussi j’avais été cet enfant qui avait les yeux éblouis par les exploits sportifs de son père.

J’ai aussi pensé à ma mère qui nous a quittés il y a tout juste un an et pour qui j’avais décidé de courir cette épreuve en particulier. Elle m’a porté dans les trois derniers kilomètres.

Maman, je suis toujours cet enfant qui t’aime et voudrait pouvoir encore courir te le dire.

13 réflexions sur “Les enfants

  1. moi aussi j’aime la chaleur des ces mains sur le bas côté le simple fait de taper te redonne de l’énergie et puis tu ne peux t’arrêter au risque de les decevoir eux (et toi par la même occasion)

    ps: c’est bien plus émouvant que la fête du slip 😉 )

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