Funky ou Junkie ?

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Magazines, sites web, e-commerce, blogs, réseaux sociaux, applications pour Smartphones, discussions entre collègues puis séances le midi avec les collègues, rayons qui cartonnent dans les magasins de sports, compétitions, … Je ne sais plus trop si c’est mon obsession ou si le Running est devenu ces derniers mois une mode ou un sujet de société à part entière.

Néanmoins, moi qui cours depuis belle lurette et qui suis un peu intégriste en la matière, j’observe qu’il y a de plus en plus de monde sur les chemins que je sillonne et que désormais il m’arrive fréquemment de croiser d’autres coureurs tard dans les ruelles sombres inondées par la pluie.

Je ne suis donc pas très étonné que différents médias traitent le sujet et que ce soit systématiquement sous l’angle réducteur, caricatural et sensationnel de l’addiction. Ne soyons pas naïfs et n’attendons rien des médias. Et d’ailleurs, moi-même, j’ai un à-priori pour le twirling-bâton et la pêche à l’anglaise en eau douce…

Justement, je pense qu’il convient d’être assez humble par rapport à la question de l’addiction. Tout comme je refuse les raccourcis sur la nature exacte de ma pratique de la course à pied, je ne veux pas non plus être catégorique. Même si le Running n’est qu’une simple passion, rien ne l’empêche d’être parfois débordante et de poser au moins autant de problème que l’addiction elle-même.

J’ai mon lot de tares, de soucis, de frustrations, tant pis pour ceux qui croiraient que la seule course à pied conviendrait à les soigner ou à compenser.

J’ai l’impression qu’il y avait moins de psychologues il y a trente ans pour analyser pourquoi Kéké laissait Bobonne avec les gosses pour passer toutes ses soirées au football. Mais bref, dans la nature humaine, si on cherche des problèmes, on est à peu près sûr de toujours en trouver.

On a construit un monde où tout est toujours plus réglementé, plus cadré et où l’insécurité affective ou professionnelle est chaque jour plus pesante (beau poncif). Est-ce grave de vouloir consacrer un peu de temps dans la journée à s’aérer ?
Après tout, nous ne sommes peut-être que des rapides bipèdes, et si nous sortons prendre l’air c’est peut-être davantage un réflexe qu’un refuge.

Il est là le phénomène de société, non ? De plus en plus de gens retrouveraient la pulsion de faire aller leurs petites jambes en pleine nature. Comme des enfants.

Je me contrefous que le Running puisse être une mode et j’accepte volontiers de courir en collectif si c’est juste pour partager un moment agréable avec mes congénères.

Chers journalistes : pensez-vous que les drogués de la course à pied surgissent maintenant que vous daignez vous intéresser à la discipline ?

Amis psychologues, pourquoi ne suivriez-vous pas vous-mêmes une thérapie pour savoir pourquoi vous voulez à tout prix marginaliser les coureurs ?

Gardiens de la société parfaite et cadrée, laissez-nous avec nos névroses, nos psychoses, nos imperfections et nos contradictions. Moi, je cours pour me sentir libre, alors je ne pense pas pouvoir être un addict.

Sujet inspiré par cet excellent billet

29 réflexions sur “Funky ou Junkie ?

  1. Tu as raison le « phénomène running » est trop souvent présenté par les médias sous le prisme réducteur de l’addiction (bigorexie), çà fait vendre ! c’est dommage car je pense que les bienfaits de la CAP pour la santé sont plus nombreux que les dommages provoqués par une activité trop intense.
    La course à pied pourrait aider tellement plus de gens à se sentir mieux dans leur peau et à vivre mieux, dans ce sens, tant mieux si l’effet de mode y amène de plus en plus de pratiquants.
    Je ne pense pas qu’on soit addict au sport, je pense que certaines personnes ont une tendance à l’addiction, un « tempérament addict », et que le sport devient alors dérivatif comme peut l’être le tabac ou d’autres substances, le problème n’est donc pas le running en lui même mais cette « faille » chez la personne. Après, on se débrouille comme on peut dans la vie, avec ou sans psy !
    Et si je puis me permettre, je connais une ex championne de Twirling Bâton (15 ans de pratique ! je dis respect) devenue trail-runneuse, voir son blog : http://monblogparkaro74.blogspot.fr/

    • Je vais suivre ta championne, ça me fascine !
      Pour ta réflexion, je partage. On devrait insister sur les bienfaits. Mais les coureurs doivent rester un max lucides et essayer de toujours être maîtres de leur pratique. Ou passer à autre chose quand il n’y a plus de plaisir.

  2. Bon en même temps, une addiction te permettant de te sentir bien dans ta peau et dans ta tête, est-ce vraiment une addicition ? On a jamais entendu qu’un individu était mort dû à un excès de sport … contrairement à la clope, les médicaments, les jeux vidéos ou la drogue !

    • On dit que l’addiction c’est quand tu ne peux réprimer ton envie alors même que tu sais que ça a des conséquences néfastes dans ta vie, pour tes proches, le travail…
      Faut s’entendre sur « conséquences néfastes ».
      Pour moi l’addiction ça ne rend pas heureux. Je cours beaucoup et je déplace souvent des rdv pour aller courir. Mais je suis heureux quand je cours. Et quand je ne cours pas non plus d’ailleurs 😉

  3. « Moi, je cours pour être libre, alors je ne peux pas être accro. ». Tu as tout résumé avec cette phrase (mais tout l’article a son intérêt hein :p). J’ai déjà eu de très vives réactions pas vraiment sympas à l’égard de ma passion pour le running. Mais on passe au-dessus, être heureuse c’est l’essentiel.

    • Faut aussi se été que pour certains, courir est une démarche pas anodine et difficile. Ce qui m’étonne aussi chez ceux qui nous traitent d’accros, c’est qu’ils ne se rendent pas compte qu’on a moins de jugements réducteurs vis à vis de leurs pratiques.

  4. Bien dit.
    C’est là qu’on mesure tout l’écart entre le regard que les autres portent sur notre pratique et le regard que l’on porte soi-même. On peut accorder un minimum de crédit aux opinions extérieures sans forcément aller jusqu’à se laisser influencer par elles, surtout quand on voit dans les médias des sujets traités bien souvent de manière superficielle / partiale / racoleuse (rayez la ou les mentions inutiles).
    Moi je cours parce que je suis libre. Est-ce que je suis addict ? À vrai dire peu m’importe.

  5. Très bon billet. Certains passages sur la société raisonnent parfaitement avec un futur billet (qui n’est que dans ma tête pour l’instant) sur ce qui reste de l’aventure dans nos vies (en fait un billet sur un livre mais bref, je m’égare).
    Pour finir, stop aux raccourcis.

    • Stop aux raccourcis ou même aux avis tranchés de la part de ceux qui pratiquent la CAP de façon intensive. J’attends en effet de l’aventurier que tu es un bon papier à caractère sociétal. Cours vite l’écrire, on lira avec plaisir.

  6. Beau papier Daddy,
    Aujourd’hui, le terme « addict » est employé à toutes les sauces. Pour un journaliste, c’est le bon papier ou la bonne chronique assuré : Apple addict (non, je ne parle pas de moi..), digital addict, runner addict, etc…
    Il me semble qu’il y a quelques années, le terme « passionné » aurait-été employé ! C’est moins vendeur, et ça fait un peu philatéliste 😉
    Je pense que nous sommes plus des passionnés que des malades accros au running, même si il m’arrive de me poser des questions lorsque, par exemple, je refuse un déjeuner d’affaire car je préfère aller courir ; je me lève à 6 h 00 du mat en vacances pour chausser mes feux Nike Pégasus, je consulte et analyse frénétiquement quotidiennement mes stats .
    J’ai le même rapport avec le ski, le foot : ce que je fais, je le fais à fond, pur prendre un maximum de plaisir.
    Alors, addict, sans doute, mais certainement pas malade comme le pense spécialistes et psychiatres.
    Désolé, je n’ai pas le temps de terminer mon commentaire, il faut que j’aille courir :-)))

    • C’est sûr qu’il ne faut pas en faire des tartines avec le mot addict et que le terme qui convient est passionné. Rétablir cette vérité permet de considérer que le phénomène d’addiction est finalement marginal. Ta description me parait correspondre à la définition d’un aficionado.

  7. Bon, Daddy, ça fait deux matins que je me dis « faut que je lui réponde à ce sujet » mais c’est tellement long ma réponse que je crois que je vais te répondre via un article quand j’aurai un peu temps, là faut que je file bosser, et c’est un peu frustrant de remettre à plus tard cette conversation. Je te fais trois bises (je suis dans le sud, tout le monde me harcèle pour avoir trois bisous, je m’ne sors plus), à plus!

  8. Entre addiction et passion, il y a toujours une marge difficile à cerner. Et il y a surtout dans ces reportages des impératifs commerciaux qui biaisent tout. S’ils faisaient un sujet sur les passionnées d’aquariophilie, l’audience serait minimum. Ca biaise tout. Et je trouve ça dommage, dans la société actuelle où les gens s’encroutent de plus en plus, de montrer du doigt des gens qui se bougent un peu le cul.

    • Moi, j’ai pas de problème avec les gens qui s’encroûtent. Ils peuvent avoir leur raison. Ce qui m’importe c’est d’avoir un mode de vie le moins malsain possible. Mon propos c’est aussi de dire qu’il faut être prudent avec le problème de l’addiction. Comme je ne permets pas aux journalistes de me dire que je suis un toxico, je ne me le permets pas moi-même. Il y a des professionnels pour diagnostiquer ça.
      Quant aux impératifs commerciaux, je me pose la question. Je me demande surtout ce que ça renvoie chez les gens qui ne sont honnêtement pas adeptes du Running. En quoi c’est un sujet assez clivant pour être commercial…

  9. Pingback: Bêêê?! ("Et toi, t’es malade ou t’es juste con?") | Fuyons!

  10. Hello,
    Je fais carrément partie de la vieille garde. Cela fait dix ans que je cours. Le running au féminin était une activité presque marginale à l’époque (Année 2000). Elle l’est encore sur Longue Distance mais je me sens dorénavant moins seule! Le marketing a décidé que les femmes devaient courir … La mauvaise nouvelle c’est qu’il a fallu attendre de voir sortir des tenues girly pour voir affluer autant de demoiselles sur les courses, la bonne c’est que l’ambiance est beaucoup moins sérieuse et que du coup on s’amuse beaucoup plus les dimanches matin aux aurores!
    A+,
    Mystinguett.

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